L’intergénérationnel en entreprise, pourquoi c’est un enjeu ?
Certains collaborateurs sont nés lorsqu’internet n’existait pas et d’autres baignent dedans depuis leur plus tendre enfance… cela génère parfois une certaine incompréhension entre les différentes générations présentes en entreprise.
Par ailleurs, 44% des jeunes déclarent vouloir quitter leur entreprise dans les 2 ans et en même temps le départ à la retraite des baby-boomers entraîne(ra) une perte de connaissances et de compétences pour l’entreprise.
Alors comment aller au-delà des différences et encourager la transmission du savoir vers les nouveaux arrivants ? Comment fidéliser d’avantage les plus jeunes ? Comment passer d’un mode où l’on coexiste à un mode où l’on collabore ?
J’ai co-animé une conférence sur ce sujet de l’intergénérationnel dans le cadre des Universités d’Été des Experts Comptables à Paris avec Elodie Cassart, fondatrice du cabinet d’Expertise Comptable Prexilexis. Cela a été l’occasion d’échanger sur les questions des uns et les autres mais aussi de partager leurs bonnes pratiques.
Génération X, Y… De qui parle-t-on au fait ?
Commençons par le commencement avec un rappel : on considère comme baby boomer une personne née entre 1946 et 1964. Ensuite vient la génération X née entre 1965-1980, la première génération confrontée au chômage de masse. Puis apparait la génération Y, née entre 1980 et 1994, qui a grandi dans un monde où l’ordinateur personnel, les jeux vidéo et Internet sont devenus incontournables. La génération Z, née entre 1995 et 2012, est quant à elle presque née avec un smartphone dans les mains !
Quels sont les principaux décalages liés à l’intergénérationnel ?
Les décalages de comportement les plus fréquents entre les générations sont essentiellement liés à :
- La technologie et par conséquent l’accès à l’information
- La valeur travail
- La relation à l’autorité
Pas besoin de vous décrire en détail les différences liées à la technologie, vous avez plein d’exemples autour de vous entre ceux qui ont toujours besoin d’un cahier et d’un crayon et ceux qui sont passé au tout digital.
Pour les Y, Z, le travail est un levier d’accomplissement personnel. Leur credo est plus réussir sa vie que réussir dans la vie et le salaire n’est pas forcément leur moteur principal. Plusieurs personnes nous ainsi confirmé avoir quitté une entreprise où elles étaient correctement payées mais où elles se sentaient « juste un numéro ».
Pour ces générations, pour qu’un manager soit respecté, celui-ci doit démontrer qu’il a les compétences nécessaires. On est passé au fil des ans d’une autorité de fait (celui qui a le rôle de chef donne les directives) à une autorité de compétences.
Il y a là une opportunité pour les entreprises de mettre en place des programmes de reverse mentoring où les plus jeunes peuvent transmettent leur savoir technique aux moins initiés, pendant que ces derniers transmettent leurs connaissances de l’entreprise et du métier.
Et si la clé c’était l’humain ?
On comprend ce qui se joue là, ce sont les relations que nous entretenons les uns avec les autres. Dans un monde de plus en plus digitalisé, nous avons besoin d’humain.
Accepter la diversité, l’authenticité des personnes, c’est lutter contre le problème de burnout, aller vers plus de bien-être en entreprise et c’est aussi gagner en efficacité. Différents regards permettent en effet de faire émerger de nouvelles idées pour régler les problèmes, innover. Cette phrase de STEVE JOBS résume bien cette idée : « mes modèles en affaires ce sont les Beatles. Ce sont 4 gars qui compensent les défauts les uns des autres. C’est ainsi que je vois le business, de grandes affaires n’ont jamais été réalisées par une seule personne, elles sont réalisées par une équipe de gens ».
Des pistes pour favoriser les échanges, intergénérationnels ou non !
Le manager moderne devient un facilitateur, puisque notre quête de sens individuelle diffère à 25 et à 55 ans, à lui de nous faire réfléchir aux valeurs d’entreprise collectives.
L’art, le sport, la musique, sont de bons moyens de faire ensemble, d’expérimenter lors de séances de team building, de séminaires d’équipe, de journée bien-être, d’anniversaire d’entreprise… Les occasions ne manquent pas de favoriser les interactions.
Donner à réfléchir, partager, illustrer des forces, des valeurs permettent de fédérer, de créer de l’engagement collectif et de la motivation.
Art for Me a accompagné récemment un groupe d’altérants au sein du groupe industriel Thyssenkrupp : ce qui est ressorti de l’atelier artistique et du debrief qui s’en est suivi, comme l’une des principales attentes vis-à-vis de l’entreprise, c’était justement ce besoin de renforcer encore plus la cohésion. Ce temps de parole leur a permis de l’évoquer de façon concrète avec des suggestions comme la création d’une équipe de football ou l’organisation d’un barbecue géant.
En conclusion
Parler d’intergénérationnel, c’est en fait parler de différence. Accepter l’autre, sa singularité (et ce n’est pas qu’un sujet uniquement lié à l’âge, on peut aussi mentionner les genres, le handicap…) n’est pas forcément simple et peut demander un travail sur soi pour mieux se connaitre.
A chacun ensuite de rester vigilant, d’adapter ses pratiques pour comprendre ce qui rend unique chaque personne de l’équipe, de créer le cadre qui favorise le partage et le bien-être de tous pour que cette diversité soit source d’une féconde collaboration.
Quelques exemples pour vous mettre sur cette voie : les méthodes de réunions participatives, le management visuel, les séminaires inspirants…